OUTIL CONVIVIAL
Le concept d’OUTIL CONVIVIAL est introduit par Ivan Illich dans La convivialité (Tools for conviviality, 1973) « pour formuler une théorie sur une société future à la fois très moderne et non dominée par l’industrie ». Il nomme conviviale « une telle société dans laquelle les technologies modernes servent des individus politiquement interdépendants, et non des gestionnaires ». Il qualifie ces individus d’austères, dans le sens de Thomas d’Aquin, qui fait de l’austérité une composante d’une vertu qu’il nomme amitié ou joie. Les outils conviviaux sont alors les outils maniés (et non manipulés) par ces individus dans cette société.
Illich prend soin de signaler qu’en Français « convivialité » a un sens particulier inventé par Brillat-Savarin, utilisable dans un contexte très précis, qui ne peut être confondu avec le contexte également précis où il l’emploie dans son essai.
CONVIVIALITE
La « convivialité » au sens d’Ivan Illich est l’outil d’une réflexion critique sur une société d’où les citoyens sont absents.
La critique de la société industrielle exposée par Illich dans « La convivialité » repose sur une réflexion non marxiste et non anarchiste du capitalisme. Elle ne s’arrête ni sur l’exploitation de l’Homme par l’Homme ni sur la domination de l’Homme par l’État. La critique d’Illich dénonce la servitude que la société industrielle inflige à l’Homme. Par l’intermédiaire du concept de « contre productivité de l’outil », Illich explique qu’à un certain moment du développement industriel d’une société, les institutions, mises en place par cette dernière, deviennent inefficaces. Ainsi, l’école uniformise, discrimine et exclue au lieu de former, la voiture immobilise au lieu de transporter, la médecine rend malade au lieu de soigner, l’énergie met en danger au lieu de contribuer au confort.
AUTONOMIE ET DIMENSION DE L’OUTIL
Illich ne cesse de dénoncer la démesure des « outils » dans les sociétés industrielles. L’énormité de ces derniers est telle qu’elle écrase l’individu qui perd ainsi son autonomie et sa dignité.
DOGME DE LA CROISSANCE
Dans un dernier temps, Illich dénonce la croissance économique comme fin ultime des sociétés industrielles. D’après lui, après avoir atteint un certain niveau de développement économique, chaque société se met en danger à vouloir croître davantage. Il considère la croissance ininterrompue comme néfaste pour trois raisons :
1 – elle génère des coûts sociaux (exclusion et/ou chômage, précarité, aliénation),
2 – elle met en péril les conditions (matérielles et spirituelles) d’existence de l’Homme sur terre,
3 – elle crée sans cesse des besoins nouveaux.
Il s’agit donc de substituer à la société industrielle dominée par des impératifs de croissance de la complexité technologique et du périmètre des services une société conviviale dans laquelle les conditions d’une vie authentiquement humaine sur terre seront assurées.