LONGO MAÏ
La COOPERATIVE EUROPÉENNE LONGO MAÏ est une coopérative agricole et artisanale autogérée internationale d’inspiration alternative, libertaire, laïque, rurale et anticapitaliste. Fondée en 1973 à Limans (Alpes-de-Haute-Provence), elle regroupe aujourd’hui en réseau dix coopératives en France, Allemagne, Autriche, Suisse, Ukraine et au Costa Rica.
Le nom est issu de la formule provençale exprimant un souhait « que ça dure longtemps », utilisé par exemple lors des mariages : Vivo les novis et longo maï, traduisible par l’expression « Vive les mariés et que ça dure longtemps. »
ORIGINES
Dans la foulée de Mai 68, des jeunes issus des groupes étudiants autrichiens Spartakus, réfugiés en Suisse suite à des affrontements avec les groupes néonazis, se lient aux étudiants suisses du groupe Hydra ou Hydra7. Ces étudiants mènent de nombreuses actions militantes contre l’Église, l’armée, les dictatures et en faveur des réfugiés, des luttes ouvrières, etc. Ils soutiennent, notamment, à Schirmeck les travailleurs qui veulent reprendre leur usine en autogestion.
FONCTIONNEMENT DE LA COMMUNAUTE
La communauté s’administre en coopérative autogérée. Tous les biens financiers sont mis en commun. Les ressources propres de la communauté sont l’élevage, la production céréalière et maraîchère, elle en consomme une bonne partie; elle pratique elle-même ses coupes de bois. La filature de laine est alimentée par l’hydroélectricité; la chaleur est fournie par l’énergie solaire et le bois. Chacun travaille, les changements de tâches sont possibles, le dimanche soir, une réunion a lieu pour organiser un peu la semaine (équipes, réunions, projets, présentation des nouveaux-venus). Cependant, le travail s’organise entre des groupes constitués par affinités et par compétences. Elle regroupe 200 adultes et une cinquantaine d’enfants, répartis entre toutes les coopératives, ces membres étant d’une quinzaine de nationalités différentes.
À Limans, elle possède 280 à 300 ha, dont 80 labourables. Elle utilise l’eau d’un forage et des quelques sources. Les matériaux de construction utilisés sont notamment la pierre locale, la brique crue, la paille, le bois. La coopérative vend des produits agricoles bruts, mais aussi transformés : agneaux, agnelles, vêtements en laine, conserves de fruits et de légumes, vin et cosmétiques, plus rémunérateurs. Elle gère un village de vacances, le hameau des Magnans (ouvert à tous) à Pierrerue, un camping destiné à ses activités.
La coopérative est soutenue par une association basée à Bâle, qui collecte des fonds. Le budget annuel de l’ensemble des collectivités est estimé à plusieurs dizaines de millions de francs suisses à la fin des années 1990, Le Monde indiquant un montant de recettes de 5 millions en 1996. La coopérative de Limans dépend à environ 50 % de ces aides et subventions, la moitié de ses besoins étant couverts par sa propre production (années 2000). Après des dépenses excessives les premiers temps, couvertes par des emprunts (32 millions de francs suisses de dettes en 1979), l’association a assaini les comptes, augmenté les collectes de dons et remboursé ses dettes dans les années 1980-1990 (dette de 9 millions en 1995).