SILVIO GESELL
JEAN SILVIO GESELL (né le 17 mars 1862 à Saint-Vith aujourd’hui en Belgique, autrefois en Prusse – mort le 11 mars 1930 à Oranienburg dans la coopérative Eden en Allemagne) était un commerçant, théoricien monétaire et initiateur de la monnaie franche.
En 1916, il publie son ouvrage majeur « L’Ordre économique naturel ». Il y présente sa théorie de la monnaie franche qui le rendra célèbre, laquelle consiste en la mise en circulation d’une monnaie fondante c’est-à-dire qui se déprécie à intervalle fixe (tous les mois ou tous les deux mois…).
Influencé par la pensée de Pierre-Joseph Proudhon, proche des anarchistes Gustav Landauer et Erich Mühsam, il est en 1919, commissaire du peuple aux finances de l’éphémère gouvernement d’Ernst Niekish lors de la République des conseils de Bavière.
Gesell est arrivé à la conviction suivante :
Dans la nature tout est soumis au changement rythmique du « Devenir et Disparaître » (Werden und Vergehen) – seul l’argent semble soustrait au caractère passager de ce monde. Puisque l’argent, contrairement aux marchandises, ne « rouille » ni ne « s’abîme », le détenteur peut attendre, jusqu’à ce que les marchandises soient assez bon marché pour lui. Des commerçants sont forcés d’abaisser leurs prix, puis ils doivent couvrir leurs frais par des crédits. Le possesseur d’argent fait payer ce besoin par l’intérêt. Ces rentrées d’intérêts ne profitent toutefois pas à la communauté, mais sont prêtés à nouveau (intérêts composés). De cette façon, de plus en plus d’argent est extrait du flux économique. Des richesses « improductives » sont accumulées où elles ne sont pas nécessaires. À l’opposé, l’argent « gagné » est enlevé à la population active. Pour surmonter cette position dominante, l’argent, dans son essence, doit imiter la nature.
L’argent doit « rouiller » conformément à la proposition de Gesell, ce qui signifie qu’il doit perdre périodiquement de sa valeur. Aussitôt qu’il est « éphémère », il n’a plus de position dominante (« liquidité ») sur le marché par rapport au travail humain et aux produits, de telle sorte qu’il doit se mettre au service du marché, sans intérêts. Ainsi, l’argent sert à l’homme, et pas l’homme l’argent.
La réévaluation sur le niveau antérieur doit avoir lieu à l’aide de l’« argent libre » (Freigeld). Chacun serait ainsi désireux de ne pas garder son argent trop longtemps. Celui qui n’a pas besoin de biens, peut ainsi payer régulièrement ses dettes, ses factures, son loyer, etc. Ainsi, de l’argent est disponible à tout moment et pour tous.
C’est pourquoi Gesell lui a donné le nom « argent libre » (Freigeld). Il est à tout moment librement disponible, car personne ne serait stupide au point d’accepter une perte de valeur progressive vers zéro. Un tel argent est un argent vrai, car l’argent doit servir d’agent d’échange, et ne pas paralyser l’économie par son accumulation.