NICHOLAS GEORGESCU-ROEGEN
NICHOLAS GEORGESCU-ROEGEN, né le 4 févier 1906 en Roumanie, étudie à Bucarest jusqu’à l’obtention d’une licence en mathématiques en 1926. Il part ensuite à Paris, où il sera l’élève d’Emile Borel lors de son doctorat en statistiques à la Sorbonne en 1930.
Il passe deux ans à Harvard, entre 1934 et 1936, et publie quatre articles qui lui assurent sa réputation d’économiste. Il y rencontre Schumpeter mais finit par refuser son offre d’écrire un livre avec lui et d’accepter un poste dans cette université. Georgescu-Roegen retourne en Roumanie pour enseigner les statistiques à Bucarest. Il occupe divers postes dans la fonction publique de son pays entre 1938 et 1948, sans rapport avec ses compétences académiques et qui l’éloignent de son travail de recherche. Il fuit son pays en 1948 et embarque pour les Etats-Unis, où il devient professeur à l’université Vanderbild à Nashville, Tennessee. Il a connu trois guerres et quatre dictatures, ce qui a profondément marqué sa vision du monde. Il meurt à Nashville le 30 octobre 1994.
SA PENSÉE
Brillant économiste, ce mathématicien en rupture avec la théorie économique orthodoxe et incompris par ses pairs, a attiré l’attention, vingt ans avant tout le monde, sur les dégâts de la croissance sur l’environnement.
Jusqu’aux années 60, il poursuit ses travaux dans le domaine des théories de la consommation et de la production, mais développe en même temps une position de plus en plus critique face à l’économie orthodoxe, néoclassique et mathématique, qui applique à des processus évolutifs et irréversibles des méthodes conçues pour des phénomènes atemporels. Pour lui, l’économie est une science de la vie, ancrée dans la biologie, qui ne saurait relever d’une logique mécanique. Il s’inspire de la thermodynamique, science fondée en 1824 par Sadi Carnot, pour modéliser l’économie et montrer les limites de la croissance économique : épuisement des ressources, pollution et dégradation de l’environnement, qui entraînent les conflits sociaux et fixent une limite à la survie de l’espèce humaine. Pour comprendre ces phénomènes, il faut substituer à la théorie économique orthodoxe une bioéconomie – terme qu’il introduit en 1975 – mariant économie et écologie. A la croissance économique, il faut opposer un développement fondé sur une profonde réorganisation économique et sociale. La croissance consiste à produire toujours plus de biens matériels par habitant de la planète. Le développement consiste à produire différemment, et il est compatible avec la décroissance que prône Georgescu-Roegen. Pour lui, seule une inversion radicale du processus dans lequel est engagée l’économie mondiale est en mesure de résoudre les problèmes de chômage, d’inégalités sociales, de crises économiques, et d’éviter la catastrophe écologique vers laquelle se dirige la biosphère.