Collages : pourquoi ces titres?
Lors de la création de mes collages, un certain nombre de questions ont spontanément surgi. Particulièrement celle de la relation entre l’œuvre et son titre. A commencer par l’interrogation suivante : faut-il donner un titre à une œuvre ?
Les réponses sont aussi multiples que les sensibilités. Elles vont de l’œuvre se suffit à elle-même, à toute création doit avoir un nom sans quoi elle n’existe pas, en passant par le titre doit accompagner une œuvre plutôt que la définir.
Un titre n’est peut-être pas indispensable pour une création. En revanche, il facilite l’identification de plusieurs œuvres d’un même artiste.
En ce sens, un numéro, une lettre, un symbole ou même une date et un sans titre sont aussi des titres. Sans eux, il serait difficile de se référer à une création d’un artiste ou de celles de différents plasticiens lors d’une exposition.
Historiquement, le titre ne serait apparu qu’au XIXème siècle[1] avec les expositions qui impliquaient, justement, un catalogage obligé des œuvres afin d’être identifiables.
Comment donner un titre à une œuvre abstraite ?
Une création figurative appelle souvent un titre en relation directe avec le sujet.
Le champ des possibles s’élargit considérablement pour une œuvre abstraite. Mais tout est-il imaginable pour autant ? En absolu peut-être. En réalité, probablement moins car les influences de chaque époque induisent des tendances lors du choix d’un titre.
Vécu personnel, cercle de connaissances, écoles et milieux artistiques, actualité et médias convient à orienter son choix. Même l’attribution aléatoire d’un intitulé – avec ou sans générateur de titre sur Internet – est le reflet d’une époque, la nôtre.
En art contemporain, le choix d’un titre serait donc plus souvent que nous le pensons tributaire d’influences liées au contexte socio-artistico-historique.
En est-il de même pour une création artistique ?
Souvent issue d’un courant artistique ou basée sur une nouvelle technologie (vidéo, inclusion, holographie, sculpture gonflable, art numérique, etc.), une œuvre est « datée » par de nombreux facteurs. Elle n’échappe pas à son époque.
A noter qu’une création dit « intemporelle » ne l’est que parce qu’elle répond encore de nos jours à certains critères esthétiques, de facture, de sensibilité et de sujet. Bien que classée comme « intemporelle », elle reste marquée par la période de sa création (style, technique, support, etc.)
Ainsi œuvre et titre sont-ils majoritairement tributaires des influences et des courants de leur temps.
Mes collages n’échappent pas à ce constat.
Influencé, entre autres, par les Nouveaux Réalistes, mes travaux – bien qu’ayant leur propre originalité – sont le reflet de notre époque. Mes titres aussi.
Bon nombre de mouvements sociaux, politiques et idéologiques en « isme » ont perdu de leur actualité ces dernières décennies. D’autres ont pris de l’ampleur : l’altermondialisme, les mouvements sociaux (liés ou non à Internet), l’écologie, etc. J’intitule mes collages selon ces mouvances alternatives récentes ou, plus rarement, selon des personnes ou courants alternatifs précurseurs.
Mes choix d’intitulés restent en revanche subjectifs quant à leur attribution à telle ou telle œuvre.
En cliquant sur les titres des collages, une explication ou une définition non exhaustive apparaît dans une fenêtre contextuelle.
Il s’agit généralement d’extraits. Le lecteur est invité à approfondir ses connaissances selon ses sensibilités. Ces notes proviennent avant tout de Wikipédia. Choix délibéré car Wikipédia est justement un excellent exemple de projet alternatif. Un partage du savoir collaboratif qui relevait à ses débuts de l’utopie. Son succès démontre qu’il n’est pas vain de poursuivre et soutenir des mouvements et des projets qui peuvent sembler idéalistes.
[1] Marianne Jakobi, Pierre-Marc de Biasi, Ségolène Le Men – « La fabrique du titre » – CNRS éditions – 2012