Bonheur National Brut (2014)


BONHEUR NATIONAL BRUT
Le BONHEUR NATIONAL BRUT (BNB ; Dzongkha : རྒྱལ་ཡོངས་དགའ་སྐྱིད་དཔལ་འཛོམས་; Wylie : rgyal-yongs dga’a-skyid dpal-‘dzoms) est une tentative de définition du niveau de vie en des termes plus psychologiques et holistiques que le produit national brut.
Cet indice a été préconisé par le roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuck, en 1972. Son but est de bâtir une économie qui serve la culture du Bhoutan reposant sur des valeurs spirituelles bouddhistes. Entre autres objectifs, il sert à guider l’établissement de plans économiques et de développement pour le pays.
UN INDICE ALTERNATIF
Il apparaît comme un indice englobant (de manière assez large) le produit intérieur brut (PIB) ou l’indice de développement humain (IDH) qui apparaissent comme insuffisants pour mesurer le bonheur des habitants d’un pays. Cet indice repose sur les quatre principes fondamentaux auxquels le gouvernement du Bhoutan attache une importance à part égale :
• croissance et développement économiques ;
• conservation et promotion de la culture bhoutanaise ;
• sauvegarde de l’environnement et utilisation durable des ressources ;
• bonne gouvernance responsable.
En 2011, ces quatre grands axes sont évalués au travers de 72 critères de mesure.
Le site officiel du Bouthan indique que contrairement au PNB, le BNB « devait permettre d’évaluer une économie basée sur les valeurs spirituelles du Bouddhisme », tout en précisant que cet indicateur est encore utilisé dans les statistiques nationales.
Sur cette base, une série de mesures ont été instaurées pour améliorer la croissance économique mais aussi la conservation et le développement de la culture, la sauvegarde de l’environnement et une bonne gouvernance responsable. Le roi a ainsi instauré l’apprentissage de la langue nationale (le dzongkha) dans les écoles et encouragé à porter l’habit traditionnel en public pour préserver la culture bhoutanaise. Une autre de ses mesures a été d’interdire en 2004 la vente de cigarettes, sous le prétexte que leur consommation avait des conséquences sociales, spirituelles et sanitaires négatives, et s’opposait à la doctrine bouddhiste recommandant d’éviter les stupéfiants qui affaiblissent les capacités mentales. Le 1er dimanche de chaque mois est réservé à la journée sans voiture.
Le 20 mars a été décrété journée officielle du BNB par l’ONU.
Anonymous (2014)


ANONYMOUS (COLLECTIF)
ANONYMOUS (en français : « Anonyme ») est un mouvement hacktiviste, se manifestant notamment sur Internet. Le nom de ce collectif est considéré comme un mot fourre-tout désignant des membres de certaines communautés d’internautes agissant de manière anonyme dans un but particulier (souvent pour défendre la liberté d’expression). Les actions informatiques et physiques attribuées à Anonymous sont entreprises par des activistes non-identifiés. Lors des manifestations physiques du collectif, les membres sont généralement masqués. Ils se présentent comme des défenseurs du droit à la liberté d’expression sur Internet et en dehors.
Bien que ce « mème » ne soit pas lié à une entité spécifique, plusieurs sites Internet y sont fortement associés, notamment des systèmes de bulletins électroniques tels que 4chan et Futaba, leurs wikis respectifs, Encyclopedia Dramatica ainsi que certains forums. Après une série de manifestations controversées, hautement publiées et d’attaques informatiques par Anonymous en 2008, les incidents liés à ce groupe ont fortement augmenté. En considération de ces capacités, Anonymous a été présenté par la chaîne télévisée américaine CNN comme étant l’un des trois principaux successeurs de WikiLeaks.
PHILOSOPHIE DU MOUVEMENT
Anonymous représente largement le concept de chacun et tous comme un collectif sans nom. Les définitions ont tendance à mettre en avant le fait que le terme ne peut être facilement cerné. Il est souvent défini par des aphorismes décrivant des qualités perçues.
Selon Chris Lander, du Baltimore City Paper datant du 2 avril 2008, « Anonymous est la première superconscience construite à l’aide de l’Internet. Anonymous est un groupe semblable à une volée d’oiseaux. Comment savez-vous que c’est un groupe ? Parce qu’ils voyagent dans la même direction. À tout moment, des oiseaux peuvent rejoindre ou quitter le groupe, ou aller dans une direction totalement contraire à ce dernier ».
Ayant participé à certains aspects du printemps arabe et au lancement du mouvement Occupy Wall Street, Anonymous rejoint certaines revendications de ces derniers.
FORMES D’ACTIONS ET PERCEPTION
Les Anonymous lancent également des attaques par déni de service (DoS) contre des sites de sociétés ciblées comme ennemies des valeurs défendues par le mouvement. Ainsi, la communauté cible des attaques contre des sites de protection, d’ayants droit, ainsi que de certaines dictatures. Ils utilisent pour cela un logiciel nommé HOIC qui permet aux volontaires de prêter leur ordinateur pour procéder aux attaques, ainsi que LOIC « Low Orbit Ion Cannon » pour mener eux-mêmes des attaques. Ainsi, en décembre 2010, des attaques ont été menées contre le site de Mastercard après que cette société eut décidé d’interrompre ses services destinés à WikiLeaks. À la suite de ces attaques, des poursuites en justice ont été entreprises à l’endroit de plusieurs membres du mouvement démasqués par la police.
De nombreux manifestants portent un masque à l’effigie du personnage de V dans la bande dessinée V pour Vendetta (qui a, lui-même été influencé par l’histoire de Guy Fawkes), ou masquent autrement leur visage pour se protéger des représailles.
Affluenza (2014)


AFFLUENZA
AFFLUENZA est un terme utilisé par les critiques du consumérisme. C’est un néologisme formé de la contraction des mots affluence et influenza.
Deux sources donnent une définition :
affluenza, n. une douloureuse maladie contagieuse, transmise par la société et dont les signes sont un sentiment de remplissage, le doute, l’anxiété et le dégoût qui résulte de l’idéologie du « toujours-plus ». (de Graaf, 2002)
affluenza, n. 1. Le sentiment tortueux d’insatisfaction qui résulte des efforts pour continuer la compétition avec ses contemporains. 2. Une épidémie de stress, de travail supplémentaire, de déchets et d’endettement, causée par la poursuite du Rêve Américain. 3. Une addiction maladive pour la croissance économique. (PBS)
Selon le livre Affluenza (2005) de Clive Hamilton et Richard Denniss, le terme fut popularisé aux États-Unis par un documentaire du même nom en 1997.
AFFLUENZA AUX ÉTATS-UNIS
La classe moyenne américaine est souvent décrite comme n’étant jamais satisfaite. Les personnes veulent acheter de nouvelles choses en permanence et ne se contentent jamais de ce qu’ils ont. Le consumérisme a été critiqué par de nombreuses catégories de personnes aux États-Unis, tels les hippies dans les années 1960 jusqu’à divers groupes religieux des années 1990.
De nombreuses références à l’affluenza apparaissent dans la culture populaire américaine. En 2002, une chanson de Sheryl Crow contient les mots « it’s not having what you want. It’s wanting what you’ve got. » Les derniers épisodes d’Halloween du dessin-animé Les Simpson contiennent une scène ou Homer dit que les animaux dans les zoos sont « fatigués, obèses, et ont perdu le sens de leur vie. Le rêve américain. ».
AFFLUENZA EN AUSTRALIE
Le livre de Hamilton et Denniss pose la question : « Si l’économie va si bien, pourquoi ne devenons-nous pas plus heureux ? » Les auteurs remarquent que le PNB a doublé entre 1980 et 2005, mais note qu’« il est maintenant bien établi qu’après avoir atteint un certain seuil, les augmentations supplémentaires de revenus n’augmentent pas le bonheur de la nation ».
La conclusion du livre est : « Depuis le début des années 1990, l’Australie a contracté l’affluenza, cette préoccupation pour l’argent et les choses matérielles est devenue envahissante et nuisible pour la santé. Cette maladie se renforce au niveau individuel et niveau social et tend à contraindre les personnes à définir leur identité et leur place dans le monde, à travers le niveau de consommation » (p. 178).
Les auteurs estiment que l’affluenza cause la surconsommation, une certaine « fièvre pour le luxe », des dettes, du travail en plus, des déchets et des dommages pour l’environnement.
Sobriété énergétique (2013)


SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE
Selon l’association Négawatt, la sobriété « consiste à interroger nos besoins puis agir à travers les comportements individuels et l’organisation collective sur nos différents usages de l’énergie, pour privilégier les plus utiles, restreindre les plus extravagants et supprimer les plus nuisibles ». Elle est l’un des référents invoqués par Négawatt dans son triptyque : efficacité/ sobriété/ renouvelables. « Au titre de la sobriété, on trouve bien entendu les comportements individuels quotidiens, comme par exemple le choix du mode de transport de proximité (à pied, en vélo, en transports en communs, en voiture) ou les comportements d’achat (4*4 contre petite voiture économe, etc.) mais aussi l’organisation collective (les quartiers piétonniers, les ramassages scolaires, le maintien des commerces de proximité, etc.) et les choix d’infrastructures lourdes ».
EXEMPLES
Afin de maintenir « un confort inchangé, tout en consommant moins », il s’agit ainsi d’agir tant sur les comportements individuels comme le rapport à l’habitat (maîtrise des consommations électriques, conception du logement: isolation, ventilation, chauffage, tendre vers des maisons passives voire actives, etc.), la mobilité (choix du transport de proximité et mobilité douce, réduction des consommations, covoiturage, privilégier les circuits courts), que sur l’organisation collective (tendre vers l’efficacité dans l’industrie et l’agriculture, choix des infrastructures, construction d’éco quartiers, etc.). Parmi les objectifs affichés par certains scénarios de prospective, on retrouve ainsi souvent le seuil de 2 000 Watts en moyenne par habitant et par jour.
DÉFINITION
En d’autres termes, la sobriété « consiste à utiliser tout type de ressource de manière à ne pas menacer sa disponibilité aujourd’hui et dans le futur ». La sobriété énergétique passe par une prise de conscience autour de la consommation énergétique, notamment par le calcul de son empreinte énergétique et « s’appuie sur la responsabilisation de tous les acteurs, du décideur au citoyen ». La réflexion sur la sobriété est donc complémentaire de celle sur l’efficacité énergétique.
À l’heure du dépassement du pic pétrolier et dans l’idée d’une nécessaire transition énergétique, la sobriété énergétique devient incontournable dans ce contexte où les énergies fossiles s’amoindrissent progressivement et les capacités des renouvelables et des nouvelles technologies ne s’améliorent encore que lentement.
Simplicité volontaire (2013)


SIMPLICITÉ VOLONTAIRE
La SIMPLICITÉ VOLONTAIRE ou SOBRIÉTÉ HEUREUSE est un mode de vie consistant à réduire volontairement sa consommation, ainsi que les impacts de cette dernière, en vue de mener une vie davantage centrée sur des valeurs « essentielles ».
Cet engagement personnel et/ou associatif découle de multiples motivations (voir section : Motivations) qui vont habituellement accorder la priorité aux valeurs familiales, communautaires et/ou écologiques.
On peut trouver la trace de son origine en Europe dans les écrits de Léon Tolstoï et de John Ruskin (Unto This Last), et en Amérique du Nord dans les écrits de Henry David Thoreau (Walden).
Il est représenté, par exemple, par le mouvement des Compagnons de Saint François ou encore les Communautés de l’Arche de Lanza del Vasto, inspiré par Gandhi, lui-même inspiré par Thoreau et Ruskin. On le retrouve aussi au Québec, province du Canada, sous l’influence de penseurs comme Serge Mongeau et des éditions Écosociété.
MOTIVATIONS
La simplicité volontaire consiste à rechercher le bonheur dans l’appréciation pour améliorer la véritable « qualité de vie ». Elle s’oppose donc au discours économique et social dominant au XXIe siècle qui tend à considérer tout progrès technique et développement de la consommation comme des améliorations de la qualité de la vie. La philosophie de vie est née de l’opinion que la consommation n’apporte pas le bonheur et accroît l’aliénation.
Plus précisément, plusieurs motivations sont possibles.
Certains tenants de la simplicité volontaire prônent un retour à de « vraies richesses », opposées aux richesses matérielles. Ces vraies richesses peuvent être en particulier la vie sociale et familiale, l’épanouissement personnel, la vie spirituelle, l’osmose avec la nature, etc.
Les motivations peuvent être économique, écologiques, dans certains cas, la simplicité « volontaire » serait en fait subie, mais ensuite assumée et considérée comme une manière de raisonner ses envies consuméristes. Elle peut aussi être considérée comme une posture prise pour se fabriquer une image de marque, à l’instar de l’intellectuel qui refuse la télévision et affiche son mépris de la publicité et de la consommation.
Quoi qu’il en soit, au-delà de ces jugements moraux, le résultat est le même : une certaine modération profitable au bien-être commun (comme la « foi à la Pascal » : « on n’a rien à perdre ».)
La CODHA (2013)


CODHA – « Habiter à la CODHA, bien plus qu’un toit »
Sans but lucratif, la CODHA (Coopérative de l’habitat associatif), créée en 1994 à Genève, rassemble des personnes souhaitant un autre type d’habitat, une autre qualité de vie, un autre rapport au logement, basé sur la participation, la convivialité et la solidarité.
C’est par la mise en commun de ressources financières et par la participation active des habitants que la coopérative réalise ses projets. La gestion interne des immeubles par les habitants permet, en outre, à ceux-ci de définir un cadre de vie plus proche de leurs aspirations.
BUTS
• Sortir des immeubles du marché immobilier spéculatif
• Intégrer les futur-e-s habitant-e-s aux projets de construction
• Remettre la gestion des immeubles aux habitant-e-s
• Garantir aux habitant-e-s un loyer correspondant aux coûts réels de l’immeuble
• Construire à de hauts standards écologiques
AUJOURD’HUI, LA CODHA C’EST :
• 1920 coopérateurs-trices
• 9 immeubles en propriété
• 190 logements
• 280 coopérateurs-trices logé-e-s
• 9 projets de construction en cours qui produiront 600 logements à terme
• 47 millions d’actifs immobiliers
• 2,9 millions d’état locatif annuel
Pas de démocratie sans un salaire maximum (2013)


PAS DE DÉMOCRATIE SANS UN SALAIRE MAXIMUM
Faut-il un revenu maximum ? Sans l’égalité, la démocratie est un vain mot.
Le néolibéralisme s’est traduit par un développement massif des inégalités : entre riches et pauvres, entre profit et salaire, entre salariés eux-mêmes avec une fraction réduite de cadres dirigeants dont les rémunérations (salaires, stock-options…) ont explosé.
Alors qu’elle s’était réduite après 1945, la part des revenus globaux (salaire, revenus du patrimoine, etc.), avant impôt, perçus par les 1 % les plus riches a, depuis 1974, plus que doublé aux Etats-Unis (de 8,1 % à 17,4 % en 2005) comme au Royaume-Uni (de 6,5 % à 14,3 %). Même si elle moins forte et plus récente,
cette évolution se retrouve dans les autres pays, Elle est plus accentuée encore si on s’intéresse au 0,1% ou au 0,01% les mieux payés.
En France, par exemple, du strict point de vue des salaires, les 0,1 % les mieux rémunérés ont vu leurs salaires bruts mensuels (hors stock-options ou intéressement !) augmenter (inflation déduite) de 28 % entre 1996 et 2006 (de 19’374 à 24’800 euros), soit un gain de 5 426 euros par mois, alors que les 60 % des salariés qui touchent moins de 2 282 euros bruts ont dû se contenter d’une hausse inférieure à 130 euros.
Traditionnellement, les longues « phases récessives», par opposition aux « phases expansives » comme les Trente Glorieuses, sont marquées par une baisse du taux de profit. Le néolibéralisme a réussi le tour de force, depuis le début des années 1980, de contredire cette loi : les profits ont augmenté en dépit de l’atonie, en particulier en Europe, de la croissance.
La part des profits distribués aux actionnaires a, nul ne le conteste, fortement augmenté ces deux dernières décennies.
Non contents d’avoir vu leurs revenus croître à mesure que se développait l’austérité salariale, les riches ont aussi bénéficié de cadeaux fiscaux. D’une pierre deux coups donc : ils paient moins d’impôts, ce qui creuse la dette publique et contraint les Etats à emprunter auprès d’eux (en leur versant des intérêts). Progressivement, nos sociétés sont ainsi redevenues les sociétés de « rentiers » qu’elles étaient à la fin du XIXe siècle. La violente crise en cours va se traduire par une baisse des profits et des hauts revenus. Mais les nantis, dont ceux de la finance, s’emploient déjà à ce que cette baisse ne soit qu’une brève parenthèse.
Le capitalisme néolibéral est non seulement injuste mais inefficace : l’austérité salariale comprime la consommation et pousse à l’endettement des ménages, tandis que l’envolée des hauts revenus entretient la spéculation et la gabegie consumériste d’une infime minorité.
La lutte contre les inégalités passe d’abord par un rééquilibrage du « partage primaire » des revenus, celui opéré au sein même des entreprises entre salaires et profits. Il passe aussi par un retour à la règle élémentaire de la progressivité de l’impôt. Aux Etats-Unis, suite à la grande crise des années 1930, le taux d’imposition des revenus des plus riches a été fixé à 90 %. Des taux redistributifs élevés ont été maintenus jusqu’aux années 1970 et cette règle prévalait dans la plupart des pays. Le monde ne s’en portait pas plus mal.
Extrait de l’article de l’Humanité du 04.09.2009 : Christophe Ramaux (économiste, Maître de conférences à l’Université Paris I)
Outil convivial (2013)


OUTIL CONVIVIAL
Le concept d’OUTIL CONVIVIAL est introduit par Ivan Illich dans La convivialité (Tools for conviviality, 1973) « pour formuler une théorie sur une société future à la fois très moderne et non dominée par l’industrie ». Il nomme conviviale « une telle société dans laquelle les technologies modernes servent des individus politiquement interdépendants, et non des gestionnaires ». Il qualifie ces individus d’austères, dans le sens de Thomas d’Aquin, qui fait de l’austérité une composante d’une vertu qu’il nomme amitié ou joie. Les outils conviviaux sont alors les outils maniés (et non manipulés) par ces individus dans cette société.
Illich prend soin de signaler qu’en Français « convivialité » a un sens particulier inventé par Brillat-Savarin, utilisable dans un contexte très précis, qui ne peut être confondu avec le contexte également précis où il l’emploie dans son essai.
CONVIVIALITE
La « convivialité » au sens d’Ivan Illich est l’outil d’une réflexion critique sur une société d’où les citoyens sont absents.
La critique de la société industrielle exposée par Illich dans « La convivialité » repose sur une réflexion non marxiste et non anarchiste du capitalisme. Elle ne s’arrête ni sur l’exploitation de l’Homme par l’Homme ni sur la domination de l’Homme par l’État. La critique d’Illich dénonce la servitude que la société industrielle inflige à l’Homme. Par l’intermédiaire du concept de « contre productivité de l’outil », Illich explique qu’à un certain moment du développement industriel d’une société, les institutions, mises en place par cette dernière, deviennent inefficaces. Ainsi, l’école uniformise, discrimine et exclue au lieu de former, la voiture immobilise au lieu de transporter, la médecine rend malade au lieu de soigner, l’énergie met en danger au lieu de contribuer au confort.
AUTONOMIE ET DIMENSION DE L’OUTIL
Illich ne cesse de dénoncer la démesure des « outils » dans les sociétés industrielles. L’énormité de ces derniers est telle qu’elle écrase l’individu qui perd ainsi son autonomie et sa dignité.
DOGME DE LA CROISSANCE
Dans un dernier temps, Illich dénonce la croissance économique comme fin ultime des sociétés industrielles. D’après lui, après avoir atteint un certain niveau de développement économique, chaque société se met en danger à vouloir croître davantage. Il considère la croissance ininterrompue comme néfaste pour trois raisons :
1 – elle génère des coûts sociaux (exclusion et/ou chômage, précarité, aliénation),
2 – elle met en péril les conditions (matérielles et spirituelles) d’existence de l’Homme sur terre,
3 – elle crée sans cesse des besoins nouveaux.
Il s’agit donc de substituer à la société industrielle dominée par des impératifs de croissance de la complexité technologique et du périmètre des services une société conviviale dans laquelle les conditions d’une vie authentiquement humaine sur terre seront assurées.
Luddisme (2013)


LE LUDDISME
Le LUDDISME est, selon l’expression de l’historien Edward P. Thompson, un « conflit industriel violent » qui a opposé dans les années 1811-1812 des artisans – tondeurs et tricoteurs sur métiers à bras du West Riding, du Lancashire du sud et d’une partie du Leicestershire et du Derbyshire – aux employeurs et manufacturiers qui favorisaient l’emploi de machines (métiers à tisser notamment) dans le travail de la laine et du coton. La lutte des membres de ce mouvement clandestin, appelés LUDDITES ou LUDDISTES, s’est caractérisée par le « bris de machines ».
LE MOT
Le terme trouve son origine dans le nom d’un ouvrier anglais, John ou Ned Ludd (parfois appelé « Captain Ludd », « King Ludd » ou « General Ludd »), qui aurait détruit deux métiers à tisser en 1780. En fait, on ignore s’il a véritablement existé. Mais des lettres signées de ce nom ont été envoyées en 1811, menaçant les patrons de l’industrie textile de sabotage. Ned Ludd est devenu le leader imaginaire d’un grand mouvement, dans un contexte où un leader déclaré serait tombé rapidement, victime de la répression.
Le terme « luddisme » est parfois utilisé pour désigner ceux qui s’opposent aux nouvelles technologies ou critiquent celles-ci (on parle même de « néo-luddisme »).
ORIGINE DU MOUVEMENT
La révolution industrielle bouleverse l’Angleterre du début du XIXe siècle. Dans le milieu du textile, trois professions sont particulièrement menacées par l’apparition de métiers mécaniques : les tondeurs de drap, les tisserands sur coton et les tricoteurs sur métier. Ceux qui les pratiquent sont des artisans assez puissants, bien organisés malgré les lois de 1799 interdisant toute association en Angleterre (Combination Act), et mieux lotis que les ouvriers qui travaillent dans les usines. Ces métiers très techniques sont déterminants pour la qualité des draps ou des tissus : selon le travail d’un tondeur de drap, par exemple, le prix du produit fini peut varier de 20 %.
Les années 1811-1812 cristallisent les rancœurs des couches populaires anglaises et spécialement celles de ces artisans. C’est que, outre la crise économique, les mauvaises récoltes et la famine, ces années marquent la fin des politiques paternalistes qui protégeaient les artisans et le lancement en grande pompe de la politique du « laissez-faire » — on parlerait aujourd’hui de libéralisme économique.
RÉVOLTE DES LUDDITES
Il y a eu plusieurs révoltes, principalement sous forme de bris de machine à tisser :
A Nottingham en mars et novembre1811 ainsi que durant l’hiver 1811-1812, dès février 1812 les troubles diminuent dans le Nottinghamshire et débutent dans le Yorkshire et le Lancashire, avril et durant l’été 1812 dans le Yorkshire, fin 1812 dans le Lancashire. Des actions dans des fabriques se poursuivront sporadiquement avec, par exemple, des bris de machines à Blackburn en 1826.
Hacktivisme (2013)


HACKTIVISME
Le HACKTIVISME est une contraction de hacker et activisme. Ici se trouvent simultanément les savoir-faire technologiques et analyses politiques. Le « hacktiviste » infiltre des réseaux, toutes sortes de réseaux, et pas seulement les réseaux électroniques, mettant son talent au service de ses convictions politiques, et organisant des opérations coup de poing technologiques : piratages, détournements de serveurs, remplacement de pages d’accueil par des tracts (défacement), etc. Souvent ce terme en implique aussi un troisième : « art ».
Hacker comme virtuose de la technologie et activiste politique que l’on retrouve le plus souvent dans les luttes libertaires, antifascistes, altermondialistes, mais aussi religieuses (extrémistes religieux). Cette jonction d’une pensée politique et d’un savoir-faire technologique est souvent l’œuvre de ceux qui veulent que leur action ait un réel impact. Un geste politique sans forme n’aura pas de visibilité, une virtuosité technique sans l’intelligence du contexte n’aura pas d’efficacité, d’où la combinaison des trois termes « hack », « activisme », « art ».
Certains sites agissant fortement à la manière de script kiddies, s’autoproclament hacktivistes sans aucun fondement. Au-delà de leurs apparences inoffensives, ils contribuent à la prolifération d’une image dangereuse et mal intentionnée des hacktivistes, largement diffusée dans les médias.
Toutefois, ce sont de plus en plus souvent des organisations politiques comme la Freedom House qui utilisent ces méthodes.
QUELQUES HACKTIVISTES
Personnes :
• Aaron Swartz
• Jérémie Zimmermann
• Richard Stallman
Groupes :
• Anonymous (collectif)
• Chaos Computer Club
• Cult of the Dead Cow
• Projet Chanology
• Telecomix
• LulzSec
Couchsurfing (2013)


COUCHSURFING
SIGNIFICATION DU TERME
Le terme de COUCHSURFING est un terme anglais que l’on pourrait traduire par le fait de « passer d’un canapé à l’autre ». On peut y voir également une allusion au surf sur internet pour trouver un canapé où dormir. L’image est celle du voyageur découvrant la planète et ses habitants avec le canapé comme moyen de locomotion.
PRINCIPES
La participation au projet CouchSurfing est libre et gratuite. Chaque membre peut dialoguer et demander l’hospitalité aux autres membres, et chacun reste libre de ses engagements vis-à-vis des autres participants. Les utilisateurs du service ont à leur disposition une interface qui permet d’exposer largement sur leur profil personnel leurs goûts, préférences, orientations, intérêts… Il est aussi possible d’illustrer son profil par des photos personnelles. Chacun peut émettre des références (positives/neutres/négatives) au sujet de leurs hôtes, invités ou connaissances. Les conditions du séjour (hébergement, rencontres, activités…) sont déterminées d’un commun accord entre les utilisateurs préalablement à leur séjour. L’intérêt de ce service va au-delà du simple hébergement : c’est une possibilité de rencontres culturelles cosmopolites, à moindre coût, et sécurisées grâce à différents systèmes de suivi et de recommandation.
BUTS ET MISSION
Selon les termes du site, CouchSurfing cherche à « rapprocher les personnes et les lieux dans le monde, créer des échanges de savoir, élever la conscience collective, diffuser la tolérance et faciliter la compréhension interculturelle ».
Sa « mission » est de « Participer à la création d’un monde meilleur, canapé après canapé ».
Ce sont les règles universelles de courtoisie qui prévalent : l’hôte accueille souvent son invité qui arrive par un repas, selon ses moyens ; le visiteur peut offrir de petits présents. La durée d’hébergement est le plus souvent de seulement quelques jours, mais les séjours peuvent être plus longs.
HEBERGER ET SECURITE
Sur son profil personnel, chaque membre indique s’il est disponible actuellement pour héberger, et dans quelles conditions : combien de personnes maximum, pour combien de nuitées maximum, etc. L’hébergeur est contacté par le le visiteur au moyen d’une interface spécifique où ce dernier mentionne sa date d’arrivée, de départ, le nombre de personnes requérant l’hospitalité, et rédige une demande.
CouchSurfing ayant pour vocation de promouvoir la rencontre de gens qui ne s’étaient jamais rencontrés auparavant, le risque existe d’avoir des problèmes plus ou moins graves entre participants : il existe donc plusieurs niveaux de sécurisation, reposant sur la connaissance de la véritable identité et adresse des membres, sur la constitution d’un réseau d’amis affichant des commentaires sur les uns et les autres, et sur un système de cautionnement par des membres eux-mêmes cautionnés par d’autres membres.
Boustrophédon carré (2013)


BOUSTROPHEDON
Une écriture BOUSTROPHEDON est un système qui change alternativement le sens du tracé ligne après ligne, à la manière du bœuf marquant les sillons dans un champ, allant de droite à gauche puis de gauche à droite. Le terme vient de l’adverbe grec ancien βουστροφηδόν boustrophêdón, de βοῦς boũs « bœuf » et στροφή strophế « action de tourner ». Souvent, le ductus des lettres est également inversé en changeant de sens ; par exemple, la lettre Є tracée de gauche à droite deviendrait Э de droite à gauche.
Le boustrophédon a été principalement utilisé à des stades anciens d’écritures avant que celles-ci ne se fixent dans un sens précis : le grec, par exemple, s’est d’abord écrit de droite à gauche, comme le phénicien dont il est issu, puis en boustrophédon et enfin de gauche à droite. Le passage par le boustrophédon marque donc une transition.
LE BOUSTROPHEDON DANS LA GRECE ANCIENNE
Inscription de Sigée, vers 550-540 avant l’ère chrétienne (British Museum, numéro d’inventaire BM GR 1816.6-10.107).
Le code de Gortyne est un autre exemple bien conservé d’une très longue inscription en boustrophédon rédigée dans la première moitié du Ve siècle av. J.-C.
L’écriture « boustrophédon » était utilisée dans les defixiones, qui étaient des tablettes de magie dans la Grèce antique. Ces sorts étaient rédigés (ou plutôt « fixés ») dans la matière, c’est-à-dire sur des tablettes de terre, de cire ou de plomb. Ils étaient jetés à l’encontre d’un adversaire dans le but de le diminuer ou de contrarier sa victoire (pour empêcher une conquête amoureuse ou encore s’assurer une victoire sportive ; des defixiones ont en effet été trouvées sur le site des Jeux olympiques, implorant les divinités d’accorder la victoire à leur auteur.
Dès le VIe siècle av. J.-C., on décèle des « tentatives pour ramener l’écriture à des normes communes ». L’écriture boustrophédon, « qui ne présentait aucune commodité » est abandonnée peu à peu. En -403, l’archonte Archinos prend un arrêté qui fixe le sens de l’écriture de gauche à droite.
ÉCRITURES SEMITIQUES
L’écriture phénicienne avait adopté l’orientation de droite à gauche vers l’an -1000, entraînant par la suite l’orientation de l’ensemble des écritures sémitiques: hébreu, araméen, arabe, etc.
LE BOUSTROPHEDON DANS LE MONDE
L’étrusque fonctionne parfois en boustrophédon.
Le Guèze, langue liturgique de l’Église éthiopienne orthodoxe, de l’Église érythréenne orthodoxe et de la communauté Beta Israël, est en boustrophédon. L’écriture safaïtique l’était originellement. C’est également le cas de l’écriture de Rapa Nui.
Les tablettes rongo-rongo de l’île de Pâques sont écrites en boustrophédon inverse : on lit la première ligne de la gauche vers la droite, puis on fait tourner la tablette de 180 °, on lit également la deuxième ligne de la gauche vers la droite, et ainsi de suite.
DANS LE LANGAGE INFORMATIQUE
Le terme de boustrophédon désigne une manière de fonctionner des têtes d’impression d’une imprimante, lorsqu’elles sont capables d’imprimer dans les deux sens de déplacement du chariot.












