Jeanne Barret | 70x100cm | 1983 [i]
JEANNE BARRET
JEANNE BARRET, née le 27 juillet 1740 à La Comelle et morte le 5 août 1807 à Saint-Aulaye en France, est une exploratrice et botaniste française. Elle est notamment connue pour être la première femme à avoir fait le tour du monde avec l’expédition de Bougainville sur la Boudeuse et l’Étoile de 1766 à 1769. Déguisée en homme, sous le nom de Jean Baret, elle s’est enrôlée comme valet et assistant du naturaliste de l’expédition, Philibert Commerson, peu de temps avant que les navires de l’expédition ne lèvent l’ancre. Aux dires de Bougainville lui-même, elle était experte en botanique.
En 1764, elle rencontre le botaniste et médecin Philibert Commerson, installé à Toulon-sur-Arroux, depuis son mariage, en 1760. Sa femme meurt peu de temps après avoir donné naissance à son fils.
Jeanne Barret entre au service de Philibert Commerson, prenant en charge la gestion du ménage, mais l’aidant également à consigner, ranger et répertorier des documents liés à la botanique, au classement des végétaux et à la réorganisation des jardins de Bourg-en-Bresse, Dijon ou encore Lyon. Jeanne Barret s’impose peu à peu comme un bras droit ordonné et méthodique aux recherches de Philibert Commerson, et sa curiosité lui confère un sens de l’initiative et de l’action qui vont lui servir toute sa vie.
En 1765, Commerson est invité à rejoindre l’expédition de Bougainville. Hésitant à accepter à cause de sa mauvaise santé, il exige l’assistance de Barret comme infirmière ainsi que pour tenir son ménage et gérer ses collections et ses papiers. Sa nomination lui permet d’être accompagné d’un serviteur, payé comme dépense royale, mais les femmes sont à l’époque interdites sur les navires de la marine française. C’est de ce moment que date l’idée de déguiser Barret en homme pour accompagner Commerson. Pour échapper à tout contrôle, elle doit se joindre à l’expédition immédiatement avant le départ du navire, en prétendant ne pas le connaître.
Les récits des survivants de l’expédition diffèrent quant à la découverte du genre de Baret. Selon Bougainville, les rumeurs selon lesquelles elle était une femme circulaient depuis un certain temps, mais la supercherie n’a finalement été confirmé qu’à l’arrivée de l’expédition à Tahiti en avril 1768. Dès qu’elle et Commerson ont débarqué pour botaniser, Baret a été immédiatement entourée de Tahitiens criants qu’elle était une femme. Il fallut la renvoyer au navire pour la protéger des Tahitiens excités. Bougainville a noté cet incident dans son journal quelques semaines après son arrivée, lorsqu’il a eu l’occasion de visiter l’Étoile pour interroger personnellement Baret.
Commerson constatant que son vieil ami le botaniste Pierre Poivre était gouverneur de l’île, Bougainville les y débarque et il y reste, avec Baret, comme invité de Poivre. Il est probable que Bougainville ait activement encouragé cet arrangement qui lui permettait de se débarrasser du problème d’une femme illégalement à bord de son expédition. À Port-Louis, Baret a continué son rôle d’assistante et de gouvernante de Commerson. Il est probable qu’elle l’a accompagné pour botaniser à Madagascar et à l’ile Bourbon en 1770-1772. Commerson a continué à avoir de sérieux problèmes de santé et il est mort le 13 mars 1773.
Désormais seule et sans ressources, Jeanne ouvre un cabaret à Port-Louis et rencontre un officier de marine français originaire du Périgord, Jean Dubernat, qu’elle épouse le 17 mai 1774 en la cathédrale Saint-Louis. Le couple rentre en France, bouclant ainsi le tour du monde. La date exacte de l’arrivée en France de Barret et de son mari, qui clôt ainsi la circumnavigation de cette dernière, n’est pas connue, mais il s’agit très probablement de 1775. Jeanne rapporte les récoltes botaniques de Commerson destinées au Jardin du roi, soit 30 caisses contenant quelque 5 000 espèces, dont 3 000 sont décrites comme nouvelles. Elle reçoit, en avril 1776, sa part de l’héritage de Commerson après en avoir appelé directement au procureur général. Le roi Louis XVI, qui reconnaît ses mérites comme aide-botaniste, la félicite pour sa bonne conduite et lui attribue une pension. Avec cet argent, Barret s’installe avec son mari dans le village natal de celui-ci, à Saint-Aulaye où il s’établit peut-être comme forgeron.
À sa mort en 1807, elle est enterrée au cimetière de l’église de Saint-Aulaye.