ANTIFASCISME
L’antifascisme est l’opposition organisée au fascisme et, plus largement, à l’extrême droite.
Il prend forme dans les années 1920 et se développe conséquemment à la montée du fascisme en Europe. Il a connu un très fort développement au cours des années 1930, étant à l’origine de la formation des Fronts populaires, puis pendant la Seconde Guerre mondiale au sein des résistances contre les dictatures fascistes et nazies ainsi que les régimes de collaboration.
En dehors de la lutte contre les régimes se réclamant du fascisme proprement dit, l’antifascisme ou le terme d’antifascisme a très tôt été instrumentalisé par les partis communistes, puis plus tard par différents partis d’extrême gauche pour combattre leurs adversaires politiques, proches ou lointains sur le plan idéologique, voire tout opposant critique. Cette instrumentalisation de la lutte dite « antifasciste » a été analysée et critiquée par de nombreux intellectuels et historiens.
L’antifascisme peut également désigner dans une acception plus large une idéologie tendant à s’opposer aux mouvements populistes. Selon Enzo Traverso, l’antifascisme comprend des courants différents mais qui se revendiquent tous des Lumières et du pacifisme. L’antifascisme défend « les principes d’égalité, de démocratie, de liberté et de citoyenneté. »
Selon l’historien Bruno Groppo, « le noyau fondamental de l’antifascisme a été le mouvement ouvrier organisé ». En France, le courant antifasciste s’incarne d’abord dans le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, le Front populaire, puis dans la Résistance, dont les gaullistes, les socialistes et le PCF prennent la tête.
Pour le trotskisme, et l’anarchisme des amis de Durruti, le véritable antifascisme ne peut pas se baser sur la tactique du Front populaire, mais sur l’action directe et révolutionnaire des masses ouvrières, et éventuellement sur le Front unique de leurs organisations. C’est faute de ce « Front unique » entre parti communiste et social-démocratie que Hitler l’emporte en Allemagne, selon Trotski. Par ailleurs, les staliniens ont instrumentalisé l’antifascisme assez systématiquement pour discréditer leurs opposants (les anarchistes devenant « anarcho-fascistes », etc.), et ce depuis les années 1930.
Critiques :
Pour Amadeo Bordiga et les bordiguistes, l’antifascisme est une « idéologie bourgeoise », visant à mêler les intérêts du prolétariat à ceux de la bourgeoisie, pour sauvegarder le capitalisme en crise. Ils rejettent aussi bien le Front populaire que le Front unique. Pour eux, le fascisme est un phénomène typique, mais non extra-ordinaire, de la contre-révolution victorieuse après l’écrasement des ouvriers consécutif à la Première Guerre mondiale et à l’échec de la vague révolutionnaire des années 1920. La contre révolution se caractérise par la montée du fascisme, du stalinisme et du nazisme en Europe. Ce phénomène aboutit à la deuxième guerre impérialiste mondiale. C’est donc un phénomène historique et mondial que l’on doit combattre, mais pas par la défense de la démocratie ou des libertés avec les bourgeois libéraux. C’est une politique du capitalisme dans sa phase de crise historique.
Critiques contemporaines de l’antifascisme
En France, Lionel Jospin qui fut le premier secrétaire du Parti socialiste en 1981 et durant tout le premier septennat de François Mitterrand, puis ministre du gouvernement sous le second, déclara en 2007 que : « Pendant toutes les années du mitterrandisme nous n’avons jamais été face à une menace fasciste donc tout antifascisme n’était que du théâtre, nous avons été face à un parti – le Front national – qui était un parti d’extrême droite, un parti populiste aussi à sa façon mais nous n’avons jamais été dans une situation de menace fasciste et même pas face à un parti fasciste. »