ENTREPRISE LIBEREE
Le terme ENTREPRISE LIBEREE désigne une organisation caractérisée, selon les auteurs, par un respect des collaborateurs considérés comme des adultes pleinement responsables.
La notion d’« entreprise libérée » (en anglais freedom-form company ou F-form company) a été reprise par Isaac Getz dans un article académique de 2009, dans lequel il décrit « une forme organisationnelle dans laquelle les salariés sont totalement libres et responsables dans les actions qu’ils jugent bon — eux et non leur patron — d’entreprendre ». Pour permettre la liberté et la responsabilité des salariés, la libération d’entreprise remet en cause des pratiques organisationnelles qui les empêchent. Par exemple, ce type d’organisation conduit à une réduction drastique des dispositifs de contrôle interne.
Cette approche pose comme postulat de départ que la théorie Y de Douglas McGregor (l’homme aime travailler) est juste (la théorie X affirmant le contraire). Elle prône comme valeur fondatrice, la confiance en l’Homme.
Déployée dans de nombreux pays, elle a comme pionniers des entreprises telles que FAVI, Poult, Chronoflex, en France, W.L. Gore & Associates et Harley Davidson aux États-Unis, HCL Technologies en Inde. De plus en plus d’entreprises de toutes tailles et de tous secteurs se sont lancées dans des phases d’expérimentation tels que Decathlon, Auchan, Kiabi, Airbus, Orangina Schweppes, Michelin, la MAIF, IMATech, Biose, AxaBanque. Les organisations du secteur non marchand telles que plusieurs caisses de la Sécurité Sociale, deux ministères belges, un OPH et quelques municipalités en France, ont aussi rejoint ce mouvement.
La prise de conscience de la nécessité d’un changement des pratiques organisationnelles résulte de la constatation du coût direct mais aussi indirect du contrôle. Ce contrôle entraîne, notamment, démotivation du personnel, difficulté à innover dans un environnement de plus en plus complexe et imprévisible et difficulté à attirer de nouveaux talents en quête de sens.
Ces entreprises misent sur l’auto-détermination et l’auto-organisation pour renouer avec la motivation des salariés et permettre la création de valeur. L’entreprise libérée fait le pari de l’intelligence collective pour faire face aux enjeux de demain. Elles revendiquent de ne plus dire « comment travailler’ à leurs salariés mais plutôt « pourquoi ».
L’entreprise libérée n’est pas exempte de critiques et plusieurs auteurs et experts sociaux commencent à s’élever contre les dérives d’un modèle qui s’appuyant sur les principes de l’autonomisation et de la responsabilisation des individus en oublie néanmoins les errances et erreurs. Sont notamment mis en avant les dérives potentielles suivantes :
Autocratie, désignation de boucs émissaires tels que les managers et les fonctions support, méthode servant à masquer la réduction des coûts et des effectifs grâce à un modèle économique spécifique, dont la partie investissement est rarement mise en œuvre dans la pratique, application des principes de la « Servitude volontaire » dont les effets s’apparentent, selon les contradicteurs précités, à de la maltraitance organisationnelle pouvant générer risques psycho-sociaux et burn-out, fonctionnements internes pouvant être parfois qualifiés de sectaires ou « religieux » et cherchant la maitrise de l’identité professionnelle des collaborateurs.
Ces critiques sont généralement complétées par la mise en avant de l’existence d’un très petit nombre d’entreprises vitrines, le manque d’informations sur les résultats réels de ce mode de fonctionnement, l’utilisation controversée de chiffres relevant d’études et la pratique de l’amalgame avec les notions de bonheur au travail dont les fondements théoriques sont tout autant contestés.